Cheveux crépus, arrêtons le massacre !

Une interview de Sophie Londinière, co-créatrice de "Soyons black"

Bonjour, le 08 décembre 2016, j’ai eu le grand plaisir d’avoir une conversation téléphonique fort sympathique avec Sophie Londinière, la créatrice de Soyons black, une marque de collants pour les peaux noires et métissées. J’espère, dans cette « retranscription », vous faire partager la bonne énergie et le dynamisme de cette jeune femme.

 

 

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Mais qui est Sophie et comment a-t-elle eu l’idée de créer Soyons black ?

 

Sophie Londinière est originaire de la Guadeloupe. Venue en France hexagonale pour suivre des études d’architecte d’intérieur, elle est finalement devenue entrepreneure. Elle s’est lancée dans la création de cette marque de collants parce que, en tant qu’utilisatrice, des collants couleur chair lui manquaient ainsi qu’à beaucoup d’entre nous. Avec dynamisme, elle a préféré agir « au lieu d’attendre sur les grandes marques. »

 

Lorsque j’ai vu des photos et des vidéos de Sophie, impressionnée par ses longues jambes, je me suis dit, ah, un mannequin, ça ne m’étonne pas qu’elle ait eu envie de mettre en valeur ses belles jambes. Je me suis trompée. Sophie a juste fait « un peu de mannequinat pour le fun ». Cependant, on peut découvrir ses jambes sur les premières photos réalisées pour le site. Mais ce n’était en aucun cas une mise en avant de sa personne, il s’agissait d’une envie d’aller au plus simple et le plus simple, à l’époque, au démarrage du site, était qu’elle pose elle-même.

 

 


 

Pourquoi ce nom ?

 

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ce nom, Soyons black n’a pas été choisi dans un but revendicatif. Il est né d’un jeu de mots, soyons évoque la soie, le soyeux et également l’idée d’être soi-même, l’idée que quelle que soit sa couleur de peau, on peut être soi-même et mise en valeur avec des collants nude.

 

Soyons black existe depuis 5 ans, la société est née le 1er décembre 2011.

 

Elle a été créée par Sophie et son associé. Actuellement, ils cherchent à la développer à la fois en France et aux Etats-Unis. Sa formation initiale fait que Sophie s’occupe beaucoup de l’identité visuelle de la marque, de l’aspect esthétique du site. Son associé a davantage une démarche marketing, recherchant des points de ventes, des espaces de publicité, il s’occupe également de la gestion du site Internet. Cependant, sur énormément de points, ils allient leurs compétences respectives.

 

Quels sont les retours des utilisatrices ?

 

Le produit, original, est très apprécié. D’une part, pour sa qualité, d’autre part, pour son confort et sa longévité. Un dernier point non négligeable lorsque l’on acquiert des collants, produit dont on connaît bien la fragilité. Les collants Soyons black, si on les entretient avec soin, peuvent être portés jusqu’à 8 fois, ce qui n’est vraiment pas mal pour une paire de collants. On peut les laver à la machine dans un filet, à 30°C ou à froid. Le mieux, selon la créatrice, c’est de les laver à la main. Sophie est une adepte du lavage des vêtements fragiles à la main.

 

Comment communique la marque ?

 

Soyons black a sa page Facebook, https://www.facebook.com/soyonsblack/, son compte twitter   https://twitter.com/soyonsblack/. La marque se fait également connaître par des campagnes de publicité photos. Au début, Sophie s’est déplacée sur de nombreux salons afin de présenter Soyons black. Et bien sûr, le bouche à oreille fait le reste.

 

Où trouve-t-on les collants « Soyons black » ?

 

La marque est disponible dans de plus en plus de points de vente. Vous en trouverez la liste sur le site http://www.soyonsblack.fr/fr/magasins. On peut, bien sûr, les commander sur Internet http://www.soyonsblack.fr/fr/4-collant

 

5 nuances sont disponibles et, parmi les 5, vous devriez trouver celle qui correspond à votre couleur de peau.

 

Les collants et puis… ?

 

Sophie aimerait étoffer sa gamme de produits et proposer des bas. Elle caresse également le projet de réaliser une gamme de lingerie couleur chair adaptée, bien sûr, aux peaux noires et métissées.

 

Et les cheveux alors dans tout ça ?

 

On y vient, on y vient. Il était évident que j’allais, en tout bien tout honneur, cuisiner la créatrice de Soyons black et tout savoir sur sa coupe de cheveux.

 

En voyant une photo de Sophie, je n’ai pu m’empêcher de penser à Lysette Malidor (ci-dessous), meneuse de revue originaire de la Martinique, célèbre dans les années 70 et que l’on compara, excusez du peu, à Joséphine Baker.

 

 


 

Comme vous pouvez le remarquer, Sophie a fait le choix radical de se raser le crâne. Elle se livre régulièrement à ce rituel, chaque semaine, avec une tondeuse sans sabot.

 

Comment en est-elle arrivée là ? L’année où elle passait son diplôme, elle avoue ne pas s’être occupée de ses cheveux à tel point qu’elle a fini par avoir l’impression d’avoir « de la paille sur la tête. » À l’époque, elle avait les cheveux défrisés. Depuis plusieurs années, elle alternait entre cheveux défrisés et cheveux naturels. Elle ne les défrisait donc pas régulièrement. Elle faisait beaucoup de tresses avec ses cheveux naturels. Lorsqu’elle les a coupés, l’année du diplôme, c’était dans l’objectif d’un nouveau départ au naturel. Elle a commencé en les coupants courts à la tondeuse mais avec sabot, donc il y avait un peu de longueur. C’était en 1998. En 1999, son frère a voulu, gentiment, les lui couper ; elle avait quelques doutes sur ses compétences dans ce domaine mais l’a laissé faire. Ses doutes ont été confirmés car, effectivement, il s’y est mal pris, laissant dans sa chevelure des « trous » fort disgracieux, du coup, elle a résolu le problème en rasant. Et elle s’est « sentie super bien ! »

 

Elle insiste sur le fait qu’elle ne s’est pas posé de questions par rapport à cette coiffure, par rapport au regard des autres. Elle me dit avec humour que jusqu’à maintenant, sa mère lui demande, parfois, de les laisser pousser un peu. Elle a eu droit à quelques remarques au début de la part de sa famille, plus actant le fait (« Tiens, tu t’es rasée les cheveux. ») qu’émettant un jugement, puis plus rien. Ce sont des personnes très tolérantes et, de toute façon, dit-elle « Je ne m’occupe pas de ce que les gens peuvent dire. Je ne me mets pas de barrières. Cette coiffure m’est apparue comme une évidence. » Elle a juste dû acheter plein de bonnets pour réchauffer son crâne en hiver !

 

Elle pense régulièrement à laisser repousser ses cheveux mais… au final, les coupe une fois par semaine, conservant 1 mm, pas plus. D’ailleurs, dit-elle : « Quand je les laisse pousser, ça démange, c’est horrible. Je ne m’aime plus avec des cheveux. » ajoute-t-elle en riant. « 1 cm, c’est trop, ça fait long. Je préfère quand je n’ai pas de cheveux. »

 

Elle entretient son cuir chevelu en faisant des bains d’huile de coco de temps en temps. Au quotidien, elle l’hydrate avec une crème extra émolliente de la marque Enydrial.

 

J’ai voulu savoir si elle utilisait un shampooing et là, grande surprise, son shampooing, c’est… un savon, Dove, pour ne pas le citer, au PH neutre, un pain blanc.

 

Lorsque Sophie fait un bilan de son aventure capillaire, elle constate qu’il y a eu un pic de crânes rasés, il y a quatre ans, à peu près. Aujourd’hui, beaucoup moins de femmes se lancent dans l’aventure.

 

Si, souvent, pour celles qui le font, ce choix est une facilité, car elles n’ont plus à entretenir leurs cheveux, dans le cas de Sophie, il a été surtout le fruit du hasard, ça lui est tombé dessus car, au départ, elle n’avait pas envie d’ôter le sabot de la tondeuse. Ce qui s’est produit « grâce » à la maladresse de son frère, « C’est vraiment un hasard, un heureux hasard. ».

 

À la fameuse question : « As-tu entendu parler d’un coiffeur afro que tu serais prête à recommander ? », Sophie me parle de Pierre Yves Lilas, http://www.pylcoiffure.fr/, de DS Création, https://www.youtube.com/watch?v=88m7IUx4ihA, du salon By Be, http://moncoiffeurafro.fr/item/le-salon-by-be-bagneux/. Elle a eu l’occasion de visiter de nombreux salons de coiffure car elle y vendait ses collants. Elle a ainsi constaté que de plus en plus de coiffeurs s’occupent des nappy, ont un espace nappy.

 

Pour terminer notre entretien, j’aborde un sujet qui me tient à cœur : cheveux crépus et vie professionnelle.

 

Sophie n’a jamais dû faire face à des remarques négatives par rapport à sa chevelure que ce soit dans le cadre de sa vie professionnelle ou de sa vie privée. Elle a coupé ses cheveux l’année de son diplôme mais, avant cela, pendant ses stages, elle n’a jamais entendu de commentaires négatifs. Avec son crâne rasé, ça a été la même chose. Il lui semble que ses coiffures, quelles qu’elles soient ont toujours été bien acceptées même si on lui demande souvent : « Pourquoi tu te rases le crâne ? » Ayant un caractère entier, elle ne s’est d’ailleurs jamais posé la question de savoir si on allait l’accepter comme ça ou non. Elle est convaincue que la manière dont on est, dont on se présente fait que l’on sera ou non accepté. Elle s’applique à dégager une bonne énergie. Sa formule Sourire: « Arrive comme tu es ! »

 

Trouves-tu que de plus en plus de femmes noires autour de toi optent pour les cheveux naturels ?

 

Sophie trouve qu’effectivement, il y a de plus en plus de femmes qui assument leurs cheveux naturels mais, beaucoup, autour d’elle, étaient nappy avant que cela ne devienne une mode. Par exemple, déjà en 1994, ses tantes étaient des nappy avant l’heure. Sa sœur et sa mère sont également nappy.

 

Quels conseils donnerais-tu à une femme qui a envie de garder ses cheveux au naturel mais qui hésite, par peur de ne pas être prise au sérieux ou d’être moins séduisante ?

 

Sophie ne tient pas un discours pro black mais, cette difficulté est pour elle directement liée au modèle de la colonisation, au fait qu’il impliquait de se renier et de se rapprocher du modèle blanc. « On nous a appris à ne pas aimer nos cheveux, les cheveux crépus n’étaient pas beaux. » Mais « chacun a sa personnalité, on doit aimer ce qu’on est.» Elle insiste : « Les gens doivent apprendre à aimer leurs cheveux. Nos cheveux sont normaux. Ce sont des cheveux parfaitement normaux. Ils valent bien d’autres cheveux. »

 

Pour elle, ce qui est le plus important, au-delà des apparences, c’est de :

 

« S’accepter comme on est et d’avancer dans la vie. Se réaliser. Mettre de l’amour dans ce qu’on fait. Dans la vie, on décide de la façon dont on va réagir aux évènements. Il faut avoir confiance en la vie, envoyer de bonnes énergies autour de soi. »

 

Sa philosophie colle bien avec son prénom puisque, en grec, Sophie signifie sagesse. Elle termine sur cette petite perle, à méditer, lorsque l’on se plaint de ne pas avoir (encore) obtenu ce que l’on souhaitait : « Si ce que je voulais n’est pas arrivé, c’est que quelque chose de mieux m’attend. »

 

Je vous signale, au passage, qu’elle fait partie du beau « projet Luminel » organisé par Fatou Luminel dont l’objectif est de regrouper des femmes entrepreneures dans des domaines différents afin qu’elles s’entraident. Ce projet a tout juste démarré et vous pouvez le découvrir ici : http://www.luminel-news.com/partenaires/le-projet-luminel-est-en-marche.htm

 

 

 

Merci à Sophie pour ce moment d’échange très enrichissant. Merci de m’avoir envoyé toutes ces bonnes ondes Clin d'œil.

 

 

 

 

 

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20/12/2016
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